HARLEY QUINN SOLO TOME 1
PÉRIODE – Moderne
PAGINATION – 224 pages
PRIX – 22€
CONTENU – Harley Quinn #1-8
SCÉNARIOS – Karl Kesel
DESSINS – Terry Dodson – Craig Rousseau – Pete Woods
ENCRAGES – Rachel Dodson – Wayne Faucher -Mark Lipka
COULEURS – Alex Sinclair
TRADUCTION – Benjamin Rivière
RÉSUMÉ
Face aux persécutions quotidiennes du Joker, l’amour de sa vie qui l’a plongée dans une vie de crime, Harley Quinn se retrouve cette fois seule. Livrée à elle-même, la « Princesse Clown du Crime » doit désormais se construire sa propre vie, loin du sinistre ennemi de Batman. Heureusement pour elle, ses amies ne sont jamais bien loin… et les problèmes non plus !
AVIS
A défaut d’être l’événement annoncé, la sortie récente du film JOKER FOLIE À DEUX dans lequel Harley Quinn est interprétée par Lady Gaga, aura au moins permis la publication d’une série fondamentale pour le personnage sorti de l’imaginaire de Paul Dini et Bruce Timm.
Créée en 1992 pour les besoins de la série animée BATMAN des désormais célèbres Paul Dini et Bruce Timm, Harley Quinn n’a connu sa première apparition en comics qu’en 1993 dans un récit des mêmes auteurs qui avait pour vocation d’expliquer ses origines : “BATMAN : MAD LOVE”. Ce One-Shot, bien que méritant tous les superlatifs imaginables tant il est foncièrement bon, se déroule dans l’univers de “BATMAN AVENTURES” qui n’est autre qu’une adaptation comics de la série animée BATMAN évoquée précédemment. Ce n’est qu’en réalité 6 ans plus tard, en 1999, durant le crossover “BATMAN : NO MAN’S LAND” qu’Harley Quinn rejoint officiellement la continuité DC et c’est au sortir de cet événement que la psychiatre la plus célèbre de cet univers a eu le droit à sa première série régulière, série dont nous allons vous parler aujourd’hui.
“HARLEY QUINN : SOLO TOME 1” est un comics de l’auteur Karl Kesel qui est notamment connu pour avoir écrit de longs runs sur des séries telles que “THE ADVENTURES OF SUPERMAN” et “SUPERBOY” ou encore pour avoir travaillé sur l’encrage de la série “FANTASTIC FOUR” durant les années 2000.
Terry Dodson, l’artiste principal de cet ouvrage a quant à lui construit la majeure partie de sa carrière chez Marvel où il a œuvré sur diverses séries telles que “SPIDER-MAN”, “X-MEN”, “AVENGERS” et “STAR WARS”. Chez DC il est surtout connu pour ses dessins sur la série “WONDER WOMAN” de 2006 inédite chez Urban Comics et pour ses covers sur la série “CATWOMAN”. Côté indés il a travaillé sur des titres tels que “ADVENTUREMAN” ou “RED SKIN” tous deux publiés chez Glénat.
À ce stade, je me permets une petite remise en contexte, notons que ce premier tome marque les débuts en solo d’un personnage qui a été créé pour n’être qu’une faire-valoir pouvant se résumer en trois mots : sexy, décérébrée et violente pour mettre en valeur et ajouter de la profondeur à un vilain dont l’histoire commençait à tourner en rond.
Alors que le Joker feint d’avoir des séquelles de l’attaque menée par Harley pour le libérer de prison (la manipulant une fois de plus) celle-ci décide de tout mettre en œuvre pour le combler et qu’il se rétablisse au plus vite. Cette situation la conduira à mener une attaque sur Happyland, un parc d’attraction récemment construit par un certain Jack Happi. Une mission qui aura des conséquences mais qui, avec l’aide de Poison Ivy, lui fait prendre conscience des véritables intentions du Joker et la convainc de mettre fin à leur relation.
À partir de la fin du premier chapitre, vous pouvez oublier la description que j’ai pu faire précédemment du personnage qui est désormais libéré de l’emprise du célèbre Prince du Crime, mais est-elle pour autant débarrassée de ses sentiments envers lui ? Parviendra-t-elle à tout redémarrer de zéro ? Elle devra trouver sa place, se construire une identité propre. Tel sera tout l’enjeu sous-jacent de ce comics qui sous ses airs d’histoire légère et humoristique traite de sujets assez sérieux et complexes.
Au fil des chapitres nous allons découvrir différentes histoires de la vie d’Harley, à raison d’un thème par chapitre, tout en suivant évidemment le déroulé de son émancipation, se concluant sur un excellent dernier épisode qui revient sur la vie d’Harleen Quinzel (avant sa transformation donc).
Si je parlais précédemment d’histoire légère et humoristique c’est parce que l’ambiance globale du récit, jusqu’à son dernier chapitre, reste aussi joviale et légère que peut l’être Harley Quinn. Le seul reproche que je peux faire à cette oeuvre se rapporte en quelque sorte à ce point, les autres personnages que rencontre Harley, et plus spécifiquement les autres vilains, sont étonnamment assez stupide et caricaturaux, rappelant la série animée Batman. Si je regrette cette caricature (ou cartoonisation) de certains personnages, je ne pense pas pour autant que ce soit une mauvaise idée car cela semble être lié à une dissociation de la réalité dans l’esprit du personnage pour enjoliver le monde qui l’entoure, cela se confirme d’autant plus que leur apparence semble directement tirée de ladite série animée.
Attention, malgré toute la sympathie qu’inspire le personnage, Harley reste fidèle à ses racines de « méchante » et ne bascule pas soudainement dans l’héroïsme, elle devient juste une criminelle indépendante. Je dois bien avouer que ce fait est assez plaisant parce que je ne suis pas des plus grands fans de la volonté récente d’intégrer le personnage à la Bat-family.
Sur la partie graphique, Terry Dodson nous offre de très belles pages qui n’ont franchement pas vieilli (pour rappel ces épisodes ont été publiés en 2000) dans un style qui alterne habilement entre un dessin très rond et dynamique comme il est d’usage avec l’artiste qui a un trait assez caractéristique tout en restant dans les standards du genre et un dessin très cartoonisé évoqué précédemment rappelant l’apparence du personnage dans la série animée dont elle est issue et qui ne se manifeste que dans les actes de violence de Harley, offrant un aperçu de sa vision déformée et caricaturale de la réalité.
Avant de conclure j’aimerais mettre en avant le fait que ce comics est fait pour tous les fans de la série animée HARLEY QUINN disponible sur Max. En effet, les événements du début de la série semblent réellement être inspirés de ce comics dans leur déroulé.
CONCLUSION
Harley Quinn Solo est une série véritablement fondamentale dans l’histoire du personnage et de son émancipation. Évidemment ça ne va pas aussi loin que ce qui peut nous être proposé dans les séries Harley Quinn que nous connaissons depuis les New 52 mais c’est déjà un énorme pas en avant vers l’icône qu’elle est devenue aujourd’hui. Ce premier tome parvient à aborder des thèmes forts tout en étant agréable à lire et dynamique, je ne peux qu’espérer que le second tome saura maintenir la barre aussi haute.
Jim.