ABSOLUTE BATMAN TOME 1

ABSOLUTE BATMAN TOME 1

PÉRIODE – All In

PAGINATION – 184 pages

PRIX – 20€

CONTENU – Absolute Batman #1-6


SCÉNARIOS – Scott Snyder – Nick Dragotta

DESSINS – Nick Dragotta – Gabriel Hernandez Walta

ENCRAGES – Nick Dragotta – Gabriel Hernandez Walta

COULEURS – Frank Martin

TRADUCTION – Jérôme Wicky


RÉSUMÉ

Bruce Wayne ne part de rien. Il n’est pas le descendant d’un riche empire de Gotham City, il est le fils d’un professeur d’école publique qui, enfant, a vécu l’horreur inimaginable d’une fusillade, changeant à jamais la trajectoire de sa vie. Sans ressources illimitées pour le financer, sans manoir ni majordome pour s’occuper de lui, Bruce est devenu un Batman d’un genre tout à fait différent, à la fois cérébral et ultra musclé, vivant dans les quartiers les plus difficiles et les plus défavorisés de Gotham, loin de la haute société. Et alors que le gang de Black Mask sème la terreur dans la ville, il n’hésitera pas à déchainer un torrent de violence contre ses adversaires pour que le message soit clair : il y a un nouveau Batman en ville.


AVIS

Pour lancer sa nouvelle ère ALL IN, DC Comics a sorti le “DC ALL IN SPECIAL #1”, un petit one-shot qui est publié en préambule dans le premier tome de la série “JUSTICE LEAGUE UNLIMITED”. On y découvre Darkseid, menant une quête qui se conclura par la création de l’univers Absolute, un univers parallèle qui, en opposition à l’univers classique régi par la vie et l’espoir inspirés par Superman, l’est quant-à-lui par l’adversité et la tourmente inspirés par Darkseid. La lecture de ce numéro n’est pas du tout indispensable à la bonne compréhension des titres de cet univers, mais il est bon de savoir que si vous souhaitez en lire l’origine c’est là-bas que ça se trouve.

“ABSOLUTE BATMAN” est le premier des trois titres de l’univers Absolute à être annoncé et à arriver dans les étales des librairies VO et j’avoue qu’à l’annonce de ce projet je n’étais pas forcément des plus… serein. Il faut dire que depuis 2014, voir Scott Snyder à l’écriture d’un titre Batman n’est (à mon sens) plus nécessairement une promesse de qualité (c’est même plutôt l’inverse).

C’est donc rempli d’à priori, mais avec la volonté de laisser une dernière chance à un auteur qui a déjà réussi à me convaincre, que j’ai commencé la lecture de ce titre. Il faut dire que même si ses dernières œuvres chez DC ne m’ont pas spécialement plu, il reste un auteur à l’origine d’énormément de titres qualitatifs qui ont fait sa renommée, je pense notamment à son travail en indé avec les séries “AMERICAN VAMPIRE”, “WITCHES”, “A.D. AFTER DEATH”, publiées chez Urban Comics ou encore les titres comme “UNDISCOVERED COUNTRY”, “CLEAR”, “CANARY” et bien d’autres publiés aux éditions Delcourt.

Nick Dragotta s’est quant à lui fait connaître avec son œuvre majeure “EAST OF WEAST” mais a aussi beaucoup travaillé de manière parsemée sur des séries de chez Marvel Comics telles que “FANTASTIC FOUR”, “X-STATIX” ou encore “CAPTAIN AMERICA”. Gabriel Hernandez Walta, qui vient prêter main-forte à Nick Dragotta sur l’épisode 4 de la série, est aussi un artiste qui a pas mal travaillé chez Marvel Comics (illustrant, entre autres, la série “VISION” de Tom King) mais il a aussi récemment travaillé avec Jeff Lemire sur “SENTIENT” et “PHANTOM ROAD”.

L’histoire, qui alterne entre présent et passé (comme pour les autres récits de la gamme Absolute), nous présente un Bruce Wayne ingénieur municipal issu d’une famille modeste meurtrie depuis l’assassinat de son père Thomas Wayne lors d’une sortie scolaire au Zoo de Gotham.

Les passages dans le présent se concentrent sur les scènes d’action avec un Batman qui déploie un véritable arsenal de guerre afin de protéger Gotham du chaos, offrant même parfois certaines scènes digne des meilleurs Beat Them All. Ils se concentrent également sur les scènes destinées à surprendre le lecteur avec certains changements opérés par rapport au lore classique de Batman (je pense notamment à son arsenal, la batmobile, ses amis d’enfance, ainsi que les personnages plus secondaires). Tout cela offre à Snyder un véritable terrain de jeu dans lequel il peut se défouler, les scènes d’action sont toujours plus extrêmes et les révélations parfois trop événementielles. C’est sympa mais une grande partie du scénario ne repose que sur cela… 

Heureusement il y a des flashbacks. Ce sont eux qui viennent ajouter de la consistance au scénario, en effet, l’auteur profite évidemment de ces passages pour expliquer ce qui change dans la jeunesse de ce Bruce Wayne, mais aussi et surtout pour ajouter tout un aspect émotionnel qui fonctionne vraiment bien. Pour rester un peu vague je dirais que cela vient ajouter un entourage au personnage, ce qui le rend beaucoup moins antipathique et beaucoup plus attachant que sa version de l’univers “Prime”. Mise à part ça, ça reste un Batman assez classique… et c’est peut-être ça que je reprocherai le plus à ce comics.

La partie graphique, assurée en grande partie par Nick Dragotta, a le mérite d’offrir une vraie proposition artistique. Commençons par ce que j’aime le moins : la carrure de Bruce Wayne, sincèrement je comprends l’idée mais une telle exagération n’est pas à un seul instant justifiée dans le récit et dans l’univers graphique du comics. C’est dommage, surtout quand tout ce qu’il y a autour est absolument parfait. Dragotta nous livre un Gotham réaliste, crade et impitoyable, vu de l’intérieur, loin de la Gotham Gothique de l’univers classique. Ce ton plus réaliste et moins spectaculaire se retrouve aussi dans la composition des pages qui reste très sage, se contentant d’une structure classique rectangulaire qui rappelle la BD européenne. L’épisode 4 de la série est entièrement dessiné par Gabriel Hernandez Walta, le changement de style peut être dérangeant au premier abord, parce que le sien n’est pas numérique et que le trait est beaucoup plus brut, mais une fois terminé j’ai trouvé cela assez cohérent sur un épisode comme celui-ci.

Je ne peux pas terminer la review sans parler de la traduction de Jérôme Wicky que je trouve globalement acceptable mais qui, par certains instants, m’a sorti du récit. Pour commencer je ne sais pas si c’était une bonne idée de remplacer “Party Animals” par “Bêtes de Soirées”, le terme original restant très compréhensible et plus crédible face à un “Batman” et non “Homme chauve-souris”. J’ai aussi trouvé la traduction désuète avec des expressions qui ne paraissent parfois vraiment pas naturelles pour un personnage qui est censé avoir 24 ans.


CONCLUSION

“ABSOLUTE BATMAN” est sans doute le titre que j’ai le moins aimé de la trinité Absolute parce qu’au final assez classique et peut-être trop centré sur des effets de surprise. Mais pour toutes les raisons que j’ai aussi évoqué précédemment je ne dirais pas que c’est un mauvais comics, loin de là ! Il faut aussi prendre en compte que c’est un premier tome et donc je me dis que ce n’est qu’une façon (un peu maladroite) de poser les bases de son univers. Cette réinvention, bien qu’imparfaite, m’a un peu réconciliée avec Batman… dont je ne suis pas le plus grand fan.

Jim.