
ABSOLUTE POWER TOME 1
PÉRIODE – Infinite
PAGINATION – 320 pages
PRIX – 31€
CONTENU – Green Arrow #13-14, Absolute Power: Free Comic Book Day 2024, Absolute Power: Ground Zero #1, Absolute Power #1-2, Superman #16, Batman #151, Wonder Woman #11, Absolute Power: Task Force VII #1-3, Green Lantern #13
SCÉNARIOS – Mark Waid, Nicole Maines, Chip Zdarsky, Joshua Williamson, Leah Williams, John Layman, Jeremy Adams, Tom King, Tini Howard
DESSINS – Dan Mora, Mikel Janin, Skylar Patridge, V. Ken Marion, Gleb Melnikov, Caitlin Yarsky, Max Raynor, Marco Santucci, Amancay Nahuelpan, Sean Izaakse, Tony S. Daniel, Fernando Pasarin, Jamal Campbell, Mike Hawthorne, Marianna Ignazzi
ENCRAGES – Dan Mora, Mikel Janin, Skylar Patridge, V. Ken Marion, Gleb Melnikov, Caitlin Yarsky, Max Raynor, Marco Santucci, Amancay NahuelpanSean Izaakse, Tony S. Daniel, Oclair Albert, Adriano Di Benedetto
COULEURS – Trish Mulvihill, Patricio Delpeche, Gleb Melnikov, Alejandro Sanchez, Alex Guimarâes, Luis Guerrero, Arif Prianto, Romulo Fajardo Jr., Jay David Ramos, Jamal Campbell, Giovanna Niro
TRADUCTION – Yann Graf, Jérôme Wicky, Thomas Davier
RÉSUMÉ
Peu d’être humains ont su tenir tête aux super-héros avec autant de zèle et de détermination qu’Amanda Waller. Après une carrière de machinations, et grâce à la puissance combinée de l’inarrêtable Failsafe et de la glaçante Reine Brainiac, Waller a finalement atteint son but : priver tous les héros et vilains de la planète Terre de leurs capacités métahumaines. Alors que le chaos inonde les rues et qu’une vaste campagne de désinformation fait basculer l’opinion publique de son côté, la fondatrice de la Suicide Squad déclenche une véritable guerre éclair pour faire tomber tous les super-héros, les uns après les autres. En ces heures sombres, une résistance se forme… mais ces héros impuissants peuvent-ils vraiment vaincre la Trinité du Mal et leurs implacables sbires ?
AVIS
Ce premier tome de l’événement “ABSOLUTE POWER” marque le début d’une trilogie qui mettra fin à l’ère Infinite démarrée en 2021 outre-Atlantique et l’année suivante en France.
On le sait, cet event est préparé depuis un petit moment maintenant puisqu’il nous a été teasé depuis la fin de “DARK CRISIS ON INFINITE EARTHS”, mais aussi dans “DAWN OF TITANS TOME 2” et qu’il est porté par des antagonistes introduits dans les pages des séries “BATMAN DARK CITY” et “DAWN OF SUPERMAN”.
Alors oui nous avons eu le droit à une longue mise en place, mais il me semble important de préciser à ce stade de la critique qu’aucun de ces titres n’est 100% nécessaire à la bonne compréhension de l’event. En effet, avoir lu tout ce que j’ai cité au préalable n’est rien d’autre qu’un petit “plus”, comme une sorte de récompense que les auteurs font aux lecteurs fidèles et qui vient renforcer l’aspect d’univers partagé DC Comics (ce dont nous reparlerons d’ailleurs plus tard).

Si la liste des auteur(rice)s ayant oeuvré sur cet ouvrage est relativement longue (et prestigieuse), il est bon de savoir que tout le projet a été chapeauté par Mark Waid, que l’on n’avait pas trop vu chez DC Comics depuis 2007 et la fin de la série “52” après avoir proposé d’immenses classiques tels que “KINGDOM COME”, “SUPERMAN : LES ORIGINES”, “FLASH CHRONICLES” et quelques arcs notables de la série “JLA” au côté de Grant Morrison. Revenu il y a seulement quelques années chez la Distinguée Concurrence, il a dû de nouveau faire ses preuves. D’abord sur la série “BATMAN / SUPERMAN : WORLD’S FINEST” qui n’était pas destiné à devenir le best-seller qu’elle est devenue, puis sur l’event de transition “PLANÈTE LAZARUS” et “DAWN OF SHAZAM” qui, vous en conviendrez, n’est à l’origine pas le super-héros le plus bankable du catalogue DC. Avec ces séries qui se sont avérées être de véritables succès d’estime, il était tout bonnement naturel que DC se tourne vers lui pour prendre la tête de cet événement mais aussi de la future série “JUSTICE LEAGUE UNLIMITED” qui s’érige en véritable fer de lance de l’ère All-In qui arrivera bientôt en France.
Tout comme pour l’aspect scénaristique, le grand nombre d’épisodes Tie-In à l’event, fait que la partie graphique regroupe une longue liste d’artistes. On pourrait s’attarder sur chacun d’entre eux, mais cela rendrait l’article interminable donc sachez qu’ils sont globalement tous très bons. Il me paraît tout de même nécessaire de prendre le temps de vous parler de Dan Mora, qui officie sur les épisodes principaux de l’event. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Dan Mora est, pour faire simple, la “nouvelle” superstar de chez DC Comics. Et pour cause, il parvient à combiner la capacité de travailler sur deux séries régulières à la fois tout en se permettant de transformer tout ce qu’il touche en or. Son trait précis et dynamique (aux influences à la fois américaines et japonaises), sa composition, son sens de la narration visuelle et sa grande créativité dans les charas designs (à l’image de la fusion de Batman et Superman dans “BATMAN / SUPERMAN : WORLD’S FINEST” ) sont autant d’argument qui expliquent que son style ait énormément de succès auprès de nombreux lecteurs.
Ce début d’event est à vrai dire plutôt réussi ! S’il est évidemment à l’origine un simple gros blockbuster estival faisant la part belle aux scènes d’action et de combats, comme c’est souvent le cas chez les Big Two, “ABSOLUTE POWER” va un peu plus loin. En effet Mark Waid se permet de développer différents propos tournant globalement autour du thème de la prise de pouvoir par le contrôle de l’opinion publique, résonnant tout particulièrement avec le contexte politique actuel.

En réalité, cette œuvre traite de la viralité des médias, de l’omniprésence de l’IA et des mécanismes des campagnes de désinformation, et interroge notre rapport à la vérité et à la manipulation des masses. Elle nous rappelle que le plus grand danger ne vient pas toujours d’un super-vilain masqué, mais de notre propre incapacité à distinguer la vérité dans un océan d’informations.Si le sujet a l’air assez lourd résumé comme ça, il n’en est rien, le rythme global est vraiment bien géré et diffuse tout au long de son intrigue divers affrontements, qui, sauf sous la plume de Tom King, sont toujours assez intéressants. En parlant de rythme, je trouve que certaines prises de position semblent précipitées et assez peu crédibles. Oui, il est évident que Green Arrow ne restera pas éternellement du côté de Waller, cependant je trouve son revirement de situation trop rapide et pas assez argumenté. J’aurais peut-être aimé que Joshua Williamson nous prépare à cela durant son run (comme ce qui a été fait du côté de Batman et Superman), ce qui aurait rendu cette décision plus crédible, donc j’en attends plus de ce côté là pour la suite.
Pour être honnête, j’ai fait partie des premiers lecteurs à râler quand il a été annoncé que l’event, à l’origine en quatre épisodes, allait être publié en trois gros tomes dans lesquels Urban Comics allait intégrer une bonne partie des Tie-In. Mais après la lecture, je dois bien avouer que sans être systématiquement d’une immense importance, ceux-ci donnent vraiment du corps à l’event. D’une part, comme je le disais précédemment, en nous donnant une forte impression d’univers partagé où les événements ont des répercussions sur chaque personnage de l’univers DC. D’autre part en nous donnant tout un background nécessaire, qui se concentre sur toute la préparation de Waller pour la mise en œuvre de son plan qui semble donc imparable. Même s’il me semble assez incohérent qu’elle sous-estime un héros bien connu de l’univers DC qui a, à plusieurs reprises, prouvé sa grande dangerosité malgré son absence de pouvoirs.
CONCLUSION
Avec « ABSOLUTE POWER », Mark Waid et son équipe livrent un event qui s’annonce assez ambitieux mais sans être pour autant exceptionnel. Si l’action est évidemment au rendez-vous, l’histoire s’ancre aussi dans des thématiques très actuelles, interrogeant la manipulation de l’opinion publique, le rôle des médias et l’influence croissante de l’IA. Cet équilibre entre grand spectacle et propos plus profonds fait toute la force du récit.
Graphiquement, la présence de Dan Mora sur les épisodes principaux garantit une qualité visuelle exemplaire, renforcée par une équipe artistique compétente sur les Tie-Ins. Malgré quelques facilités scénaristiques et certaines décisions qui auraient mérité plus de développement, ce premier tome pose des bases solides pour la suite de l’événement. L’intégration des Tie-Ins, loin d’être superflue, enrichit l’univers et donne une ampleur supplémentaire au récit.
Jim.
